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Pourquoi lire ?

« Lire, c’est boire et manger. L’esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas. » Victor Hugo, Faits et croyances, 1840
« Lisez les grands maîtres en tâchant de saisir leur procédé, de vous rapprocher de leur âme, et vous sortirez de cette étude avec des éblouissements qui vous rendront joyeux. Vous serez comme Moïse en descendant du Sinaï. Il avait des rayons autour de la face, pour avoir contemplé Dieu. » Gustave Flaubert, Lettre à Marie-Sophie Leroyer de Chantepie, 18 mai 1857

J’aime lire. J’ai toujours aimé lire et j’aimerai toujours lire.
Lire m’est aussi indispensable que respirer ou manger.
En lisant, je voyage dans l’espace et/ou dans le temps, je découvre, j’apprends, je me détends, je m’instruis. Je vis mille vies différentes de la mienne, je comprends mieux les gens et le monde qui m’entourent.

Pourquoi lire ?
Pour apprendre, pour se cultiver, pour élargir son vocabulaire, pour améliorer son orthographe.
Pour se distraire, pour rêver, pour imaginer, pour s’évader.
Pour le plaisir.
Les raisons de lire ne manquent pas !
Lire nous ouvre l’esprit et nous amène à penser et à réfléchir.

La preuve ?
Dans l’Histoire, les dictatures ont toujours poursuivi les écrivains, ces gêneurs qui offrent au peuple de la matière à penser.
Je songe, entre autres, à Alexandre Soljenitsyne ou au poète Ossip Mandelstam en Russie, mais les exemples sont légion, partout et à toutes les époques. Les pouvoirs totalitaires voient toujours d’un très mauvais œil tout ce qui pourrait amener le peuple à penser hors des cadres, hors de la pensée unique imposée. Ils traquent donc tous ceux qui à travers la littérature ou plus généralement la culture constituent un danger.
Et en plus de poursuivre les auteurs, ils n’hésitent pas à détruire des œuvres. Des livres, mais aussi d’autres objets, comme les magnifiques Bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan démolis en 2001 par les talibans.

Eh oui, lire est un acte subversif, lire est dangereux. Dangereux pour les pouvoirs en place.
Dame ! Où va-t-on si les citoyens se mettent à penser par eux-mêmes au lieu de vivre une petite vie sans histoire et de suivre un chemin tout tracé ? On ne va tout de même pas tolérer le désordre que cela engendrerait !
Le prêt-à-penser, il n’y a que ça de vrai !

L’effondrement du niveau des apprentissages scolaires dans notre pays est tel qu’il devient flagrant et ne peut plus être nié. Notre système public d’éducation, autrefois si performant, “forme” depuis de nombreuses années des générations d’élèves qui lisent très mal, ne maîtrisent pas la grammaire élémentaire et disposent d’un vocabulaire ultra réduit. Pour la grande majorité d’entre eux, il n’est hélas plus besoin d’interdire les livres : ils ne lisent pas. Ils ne lisent pas parce que lire est une activité désagréable et trop complexe compte-tenu de leur niveau. Et par conséquent totalement inintéressante.
Parallèlement, ils sont abreuvés d’écrans sur lesquels ils passent le plus clair de leur temps.
Ces citoyens qui n’en ont que le nom sont incapables de penser par eux-mêmes et ingurgitent sans se poser de questions tous les discours martelés par les principaux médias.
Jamais le terme de “pouvoir” pour désigner les dirigeants d’une société n’aura autant pris ce sens que maintenant. Ceux qui tirent les ficelles se réjouissent de voir à quel point le mécanisme fonctionne. Les médias relaient en boucle ce qu’il est de bon ton de penser, les “débats” n’en sont pas car qui pense hors de la pensée unique est hué, conspué, et réduit au silence.
Le prêt-à-penser est imposé, c’est la norme bien-pensante.
Il ne faut jamais oublier qu’il y a quelques années un dirigeant de grande chaîne de télévision s’était vanté de vendre du « temps de cerveau disponible » !
C’est terrifiant.

Alors, que faire ?
Résister !
Lire et faire lire autour de soi. Partager cette curiosité qui garde nos cerveaux éveillés.
Faire vivre l’instruction et la culture.
C’est indispensable, c’est vital !

Personnellement, j’aime varier mes lectures.
J’aime autant lire des romans contemporains que lire ou relire des classiques. Je lis des livres scientifiques, des livres sur l’alpinisme ou la montagne, passions dans lesquelles je suis tombée enfant, et je ne dédaigne pas un bon polar ou une bonne bd.
J’ai une admiration particulière pour Émile Zola, dont j’ai entrepris la lecture/relecture du cycle des Rougon-Macquart. L’Assommoir est pour moi le plus beau roman de la littérature française.
Dans la littérature américaine contemporaine, je suis fascinée par Joyce Carol Oates, par sa capacité à renouveler sans cesse ses sujets et à mettre à nu l’âme humaine. J’aime son ironie mordante et son intelligence (Les chutes, Petite sœur, mon amour, Carthage, L’homme sans ombre…)
Dans la littérature italienne contemporaine, j’aime Erri De Luca pour la poésie qu’il met dans son écriture, et son amour de la montagne qu’il exprime dans beaucoup de ses romans (Le poids du papillon, Sur la trace de NIves). Pour les mêmes raisons, j’adore lire Paolo Cognetti (Le garçon sauvage, Les huit montagnes).
J’aime lire des écrivains algériens contemporains qui avec beaucoup de courage et de lucidité dénoncent, alertent, informent, et qui pour ces raisons sont menacés. En particulier Boualem Sansal (Le village de l’Allemand) ou Yasmina Khadra (Les hirondelles de Kaboul).
Parmi les auteurs français actuels, j’apprécie Sorj Chalendon (Mon traitre, Retour à Killybegs), Gaëlle Josse (Une longue impatience), Jeanne Benameur (Otages intimes, Profanes), Alice Ferney (L’élégance des veuves, Le règne du vivant), et d’autres.
Sans oublier l’inclassable Sylvain Tesson : ce géographe-voyageur-écrivain, non-conformiste assumé, nous fait partager ses périples et les multiples réflexions qui traversent son esprit bouillonnant. Sur les chemins noirs, La panthère des neiges ou Dans les forêts de Sibérie sont de fabuleux voyages.

Quels que soient vos goûts, quelle que soit votre humeur du moment, il y a toujours un livre fait pour vous.

Vous avez envie de partir en montagne et vivre d’incroyables aventures ? Montagnes d’une vie de Walter Bonatti, Les conquérants de l’inutile de Lionel Terray ou Au sommet de l’Everest d’Edmund Hillary n’attendent que vous.
Vous aimez l’Histoire ?
Plongez dans les passionnantes Mémoires de Beate et Serge Klarsfeld, laissez-vous entraîner par Le pianiste de Wladyslaw Szpilman, ou entrez dans l’incontournable Si c’est un homme de Primo Levi ; si vous préférez de la fiction, ouvrez le délicat Kosaburo, 1945 de Nicole Roland.
Les faits divers vous intéressent ?
Lisez Élise Fontenaille (Les disparues de Vancouver, L’homme qui haïssait les femmes) ou le chef-d’œuvre de Truman Capote, De sang-froid.
Vous aimez réfléchir sur des faits de société ?
La maladroite d’Alexandre Seurat sur le thème des enfants maltraités ou Marion, 13 ans pour toujours de Nora Fraisse sur le harcèlement scolaire pourront enrichir votre réflexion.
Vous aimez découvrir comment vivent les gens dans d’autres pays ?
Vies ordinaires en Corée du Nord de Barbara Demick est difficile mais très instructif, tandis qu’À la grâce des hommes de Hannah Kent vous emmènera dans l’Islande rurale du dix-neuvième siècle, et que Ciel d’acier de Michel Moutot vous fera découvrir les Mohawks, ces indiens du Québec qui ont participé à la construction de la plupart des grandes tours des États-Unis.
Vous souhaitez vous détendre ?
Les BD de Vie de Carabin sont des témoignages du quotidien dans nos hôpitaux, drôles, impertinents, et toujours réels ; le manga en cinq volumes Le sommet des Dieux, du maître japonais de la discipline, Jirô Taniguchi, vous enchantera avec ses illustrations à couper le souffle.
Vous êtes plutôt classique et souhaitez découvrir ou relire les grands auteurs ?
Les bons titres ne manquent pas, nous avons la chance d’avoir un patrimoine littéraire riche et varié.
La conquête de Plassans d’Émile Zola est époustouflant. Le personnage principal et l’histoire sont d’une noirceur qui ferait pâlir d’envie les scénaristes d’Hollywood.
Dans Madame Bovary, Gustave Flaubert a créé des personnages d’une justesse et une précision incroyables. Et quel style ! Dans une relecture récente je suis revenue de nombreuses fois en arrière, juste pour le plaisir de savourer une phrase ou un paragraphe entier tant l’écriture m’a subjuguée.
Si vous voulez de l’action, Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas vous emportera et les pages se tourneront toutes seules.
Je m’arrête là avec ces trois exemples, mais il y en aurait tant d’autres à citer : les écrivains du passé nous ont laissé en héritage un véritable trésor.
À nous de puiser dedans.

C’est un fait maintenant bien connu : la lecture de romans, mettant en scène des situations et des personnages variés, permet au lecteur, et particulièrement au jeune enfant, de développer de l’empathie.
En se mettant dans la peau du héros, de la victime, du peureux, du lâche, du solitaire, du riche, du pauvre, du timide, du petit garçon perdu, de la fille sportive, du chien fidèle, etc. celui qui lit vit plusieurs vies, est confronté à des expériences diverses et à partir de personnages fictifs finit par mieux comprendre ce que ressentent les autres. Il comprend que les êtres humains sont variés, et il arrive à se mettre à leur place, à éprouver ce qu’ils éprouvent.
Bref, il développe cette empathie si précieuse et qui fait de plus en plus cruellement défaut dans notre société.
Cette empathie qui me rend totalement incapable d’aller égorger mon voisin même si je ne l’apprécie pas du tout.

Lire est important dès le plus jeune âge. Il faut donner aux enfants le goût de la lecture. Leur lire des albums puis de vrais premiers romans lorsqu’ils grandissent.
Lire tôt est indispensable mais ce n’est pas suffisant pour qu’un enfant devienne un adulte lecteur. On ne passe pas facilement de Oui-oui à Madame Bovary ! Le chemin est long et le petit lecteur doit être accompagné, encouragé, pour franchir les différents paliers qui lui donneront la capacité d’apprécier des ouvrages plus longs, plus complexes.
Donner à un enfant les clés du monde de la lecture est le plus beau cadeau qu’on puisse lui faire. En faisant cela, on lui ouvre toutes les portes, on lui offre un univers infini : c’est un cadeau pour toute la vie.

Lire n’est pas ringard, ce n’est pas une activité désuète, bien au contraire. La lecture est vivante et génère toutes sortes d’émotions que l’on peut garder pour soi ou partager.
C’est un levier puissant qui permet aux esprits de s’ouvrir. Lire développe l’intelligence et les capacités de réflexion.

Matheuse de formation et de profession, je suis depuis l’enfance une fervente lectrice. J’ai toujours considéré que l’opposition « scientifique » et « littéraire » n’avait aucun sens et qu’il ne fallait surtout pas cataloguer les gens (encore moins les enfants !) en leur assignant l’une ou l’autre de ces étiquettes.
Les mathématiques et la lecture ont bien plus de points communs que ce que l’on imagine de prime abord, et les deux activités nécessitent les mêmes dispositions : être curieux, avoir l’esprit ouvert, aimer découvrir, aimer réfléchir.

Ce n’est pas un hasard si « lecture » rime avec « nourriture » : lire, c’est vivre !

Nathalie Nakatani, professeur référent à l’ILFM.

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